Bien-être animal : ce qu’il faut comprendre pour agir

Le concept de bien-être animal a fortement évolué au cours des dernières décennies. Il soulève des questions de société importantes liées aux conditions d’élevage, à la préservation de la biodiversité et à la protection des animaux domestiques. Beaucoup d’enjeux s’entremêlent et il peut parfois être difficile de s’y retrouver. Dans cet article, nous passons en revue ce concept afin de comprendre ce qu’il implique concrètement pour les animaux et les êtres humains.

Définition du bien-être animal par l’Anses

Une expertise menée par l’Anses (Agence Nationale Sécurité Sanitaire Alimentaire Nationale) a permis d’aboutir en 2018 à la définition suivante :

« Le bien-être d’un animal est l’état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que de ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l’animal. »*

A travers cette définition, on comprend que subvenir aux besoins de l’animal sans commettre de cruauté ne suffit pas à garantir son bien-être. En tant qu’être vivant doué de sensibilité, il ressent et perçoit son environnement à sa manière. Il peut par exemple éprouver de la peur ou du stress dans certains contextes, sans qu’il n’y ait maltraitance à proprement parler.

Les 5 libertés fondamentales de l’animal

La définition de l’Anses fait écho aux 5 libertés fondamentales de l’animal, énoncées quelque vingt ans plus tôt par FIAWEC (Farm Animal Welfare Education Center) :

  1. Absence de faim, de soif et de malnutrition : l’animal doit avoir accès à l’eau potable et bénéficier d’un régime alimentaire cohérent avec ses besoins
  2. Absence de stress physique ou thermique : le lieu de vie de l’animal doit disposer d’une zone de repos confortable et d’un abri pour les intempéries
  3. Absence de douleur, lésion ou maladie : l’animal doit avoir accès à des soins vétérinaires préventifs réguliers et à des soins curatifs rapides en cas de blessure ou maladie
  4. Liberté de comportement normal de l’espèce : l’animal doit disposer d’un environnement adapté aux comportements de son espèce (notamment à la vie en groupe s’il appartient à une espèce sociale)
  5. Absence de peur et de détresse : les conditions de vie de l’animal ne doivent pas lui causer de souffrance psychique

Les animaux dans la loi et le débat public

Les concepts énoncés par FAWEC et l’Anses concernent principalement l’élevage, mais la place des animaux dans notre société ne se limite pas là. Il faut aussi prendre en compte les animaux de compagnie, les animaux sauvages, et tous ceux qui naviguent entre ces deux catégories (élevage en captivité, importation d’espèces exotiques…).

Au cours des années, les associations de protection des animaux ont obtenu gain de cause sur plusieurs sujets et ainsi permis des avancées juridiques et sociales notables. Le droit des animaux a longtemps été régi par une loi de 1976 relative à la protection de la nature (n° 76-629). Bien que cette loi fasse mention du caractère « sensible » de l’animal (art. 9), elle le considère comme une « chose » et un « bien meuble » de son propriétaire.

Il a fallu attendre 2015 pour observer une réelle évolution de la place des animaux dans la législation. Une action menée par la Fondation 30 Millions d’Amis a porté la question devant l’Assemblée nationale. La proposition a été acceptée : l’animal n’est désormais plus une « chose » et dispose de son propre statut au sein du Code civil, celui d’un « être vivant doué de sensibilité » (art. 515-14).

Malgré cette évolution, le rôle de l’animal dans la vie humaine continue de susciter le débat dans de nombreux domaines, comme par exemple dans :

  • l’alimentation : végétarisme, véganisme
  • la santé et les cosmétiques : tests sur les animaux, expérimentations scientifiques
  • la mode : fourrure, cuir animal
  • le divertissement : zoos, spectacles animaliers
  • le foyer : adoption, traitement et abandon des animaux de compagnie

La récente loi de 2021 visant à lutter contre la maltraitance (n° 2021-1539) ****a été un véritable tournant pour la cause animale. Elle interdit notamment la vente de chiens et chats en animalerie (2024), les spectacles de dauphins et d’orques (2026) et la détention d’animaux sauvages dans les cirques (2028). Elle durcit également les sanctions en cas de maltraitance ou de cruauté.

Comment agir pour le bien-être animal ?

Les textes de loi restent théoriques : professionnels et particuliers ne savent pas toujours comment les appliquer concrètement. Comment assurer au quotidien le bien-être et la bonne santé des animaux qui nous entourent ? Pour répondre à cette question, il faut prendre en compte leur diversité non seulement par leur espèce, mais aussi par leur place dans la vie humaine.

Les animaux d’élevage

Les animaux d’élevage destinés à la consommation représentent des millions d’individus en France (204 millions de volailles et 19 millions de bovins en 2018). Leur hygiène est une préoccupation de longue date, puisqu’elle a un impact direct sur la santé humaine. Divers scandales, comme celui de la vache folle ou de l’usage abusif d’antibiotiques, ont fait prendre conscience au grand public que les mauvaises pratiques industrielles pouvaient avoir de graves conséquences.

Néanmoins, le sujet ne se limite pas à son aspect sanitaire et à d’importants enjeux éthiques. Certains activistes prônent des mesures radicales telles que la suppression totale de toute forme d’exploitation animale (véganisme). Si la question vaut la peine d’être débattue, elle peut difficilement être envisagée comme une solution immédiate, car la viande tient une place prépondérante dans l’alimentation des Français aujourd’hui (85 kg par an et par habitant en 2020).

Quels que soient les choix de chacun sur sa consommation de produits d’origine animale, il reste urgent d’améliorer les conditions de vie dans les élevages. Conformément aux 5 libertés fondamentales, les animaux doivent disposer au minimum d’une alimentation et d’un environnement adapté à leurs besoins. L’espace naturel auquel ils ont accès pour vivre et pâturer est également un facteur de bien-être important.

Les consommateurs peuvent agir à leur niveau à travers des achats responsables. Bien que peu démocratisées encore, des démarches telles que l’Étiquette Bien-être Animal ou le WAFA (Welfare Assessment of Farm Animal) existent et commencent à créer de la transparence. D’autre part, des labels plus répandus comme Label Rouge ou Bio disposent de critères liés aux conditions de vie des animaux. Enfin, les œufs sont systématiquement marqués pour permettre aux acheteurs d’identifier le mode d’élevage des poules pondeuses (code allant de 3 pour un élevage en cage à 0 pour un élevage biologique).

Les animaux de compagnie

Afin d’agir pour le bien-être de leurs animaux de compagnie, les propriétaires peuvent tout simplement leur offrir les meilleures conditions de vie possibles. Pour cela, ils doivent commencer par se renseigner sur les besoins de leur compagnon et chercher à le comprendre. L’alimentation d’un chat ou d’un chien devra par exemple être adaptée à son âge, son poids, son activité physique et son état de santé.

Les visites régulières chez le vétérinaire ne servent pas uniquement au diagnostic et au soin en cas de maladie. Elles permettent également de mieux appréhender le comportement de son animal et de repérer le plus tôt possible d’éventuelles situations de stress. Certains professionnels proposent des méthodes vétérinaires alternatives comme l’ostéopathie (manipulation du corps) ou la phytothérapie (consommation de plantes), en prévention ou curation.

La réflexion sur le bien-être des animaux de compagnie devrait venir avant même l’acquisition. En effet, une erreur de jugement peut vite mener à un abandon : la SPA (Société Protectrice des Animaux) recueille plus de 40 000 animaux chaque année. La loi de 2021 qui interdit la vente de chiens et chats en animalerie n’apporte qu’une réponse partielle à ce problème, car elle ne concerne pas les NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie) comme les lapins ou les reptiles. Ces derniers sont particulièrement en proie aux achats d’impulsion et ont connu une hausse de 82% dans le nombre d’abandons à la SPA à l’été 2021.

Le cas particulier du cheval

Le cheval est un cas particulier par son statut dans la société et dans la législation. Juridiquement, le cheval est considéré comme un animal de rente (détenu pour sa valeur commerciale au même titre qu’un bœuf d’élevage). Socialement, le rapport que nous entretenons avec les chevaux fait plutôt d’eux des animaux de compagnie et de loisir.

Comme pour un chat ou un chien, l’acquéreur devra se renseigner sur les besoins de son futur cheval et s’assurer de pouvoir lui offrir des conditions de vie agréables. L’équidé sera épanoui s’il a accès à un hectare de terrain riche en herbe, un abri, du foin l’hiver, et des interactions sociales régulières. Si le lieu de vie du propriétaire ne remplit pas ces critères, il faudra prévoir des frais de pension importants durant toute la vie de l’animal (25 à 30 ans en moyenne).

Le coût matériel d’un cheval étant bien plus élevé que celui d’autres animaux de compagnie, l’adoption demande une réflexion plus approfondie. Au vu de la logistique qu’implique l’acquisition d’un tel animal, les achats d’impulsion semblent bien moins probables. Malheureusement, on recense quand même de nombreux cas d’abandon et de maltraitance.

D’autre part, la fin de vie des chevaux est un sujet très polémique. Les individus devenus inaptes au sport et au loisir partent à l’abattoir pour la production de viande, ce qui semble incohérent avec la vision d’animal de compagnie que nous pouvons en avoir. Les propositions de loi visant à interdire l’abattage des chevaux pour leur chair n’ont toutefois jamais été adoptées, à cause des conséquences logistiques et économiques qu’elles induiraient.

Les animaux sauvages

Le bien-être des animaux sauvages est lui aussi lié aux interactions avec l’être humain. En zone naturelle protégée, les panneaux indiquent des directives comme « ne pas nourrir » ou « ne pas s’approcher ». Ces règles valent également pour les espèces sauvages aperçues dans la vie quotidienne.

Que l’on croise un canard au bord d’un lac, un sanglier sur une route ou un phoque sur une plage, mieux vaut se faire discret et éviter toute interaction. En effet, un acte anodin comme donner du pain ou faire une caresse à un animal sauvage peut complètement dérégler son rapport à son environnement et ses congénères.

En cas de doute, si un animal vous semble blessé ou perdu, contactez une association spécialisée ou les autorités locales.

Avec des actions simples, nous pouvons tous agir pour le bien-être des animaux qui nous entourent. Pour cela, il faut apprendre à les comprendre, à respecter leurs besoins et leur mode de vie. Il reste encore beaucoup à faire pour la cause animale, mais des avancées notables sont en train de prendre place dans notre société.*Source : Avis de l’Anses relatif au « Bien-être animal : contexte, définition et évaluation » du 16/02/2018

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